DARCE FARDY : Pour les personnes encabanées, le printemps donne un regain de vie

« Les bourgeons sortent de la mort; Papillons ont des manteaux d’or1 », ou pour paraphraser Martin Luther King : « Libre enfin, enfin libre! ». Cela peut sembler un accueil extrême au printemps, mais la saison nouvelle me donne un regain de vie. C’est un moment de pure détente pour moi que de m’asseoir sur le perron avant et de saluer les voisins.

Ils se demandent sans doute pourquoi je les salue. J’en ai eu un avant-goût récemment.

Carol est venue pour me faire faire quelques pas sur le trottoir avec mon fidèle déambulateur. C’était la première fois que je m’aventurais ainsi depuis le début de l’hiver.

Bien entendu, il m’arrive de sortir durant l’hiver, mais c’est souvent toute une aventure pour Dorothea de m’aider à descendre les marches arrière et à naviguer entre les plaques de glace jusqu’à la voiture. Les lecteurs pensent peut-être que j’exagère.

Évoquer les mots de Martin Luther King peut paraître extrême, j’imagine.

La saison hivernale ne m’a permis que quelques visites au gym. Dayna a dû se sentir bien esseulée.

Revenons-en à la démence. Tous les jours, semble-t-il, je tombe sur de plus en plus d’articles sur la démence. Certaines histoires sont plus difficiles à croire que d’autres. Je devrais sans doute m’abstenir de les lire, mais le journaliste en moi ne peut s’en empêcher.

Dans l’un de ces articles, j’ai lu que le fait d’ouvrir les rideaux peut aider. Il se trouve que nous avons une grande fenêtre dans le salon qui donne sur le perron avant.

Et voilà que Dorothea s’adonne justement à tirer les rideaux pour laisser entrer plus de lumière naturelle. Cela aide vraiment puisque ça me sort de mon bureau où je passe le plus clair de mon temps quand je ne suis pas dans mon lit.

J’ai aussi lu qu’il existe une façon de stimuler les parties de mon cerveau qui ne sont pas touchées par la maladie afin qu’elles prennent la relève et travaillent plus fort. Il est même question de caméras prêt-à-porter pour enregistrer les transplantations de cerveaux. Hum, voilà qui me semble un peu tiré par les cheveux.

J’imagine que je devrais me détendre et éviter de lire de telles choses.

Mais il y a aussi beaucoup d’humour à la maison. On me dit qu’il m’arrive de répéter les mêmes questions en l’espace de quelques minutes.

Une amie de Dorothea l’a appelée récemment depuis la Floride. En lisant une de mes chroniques, elle a noté que j’ai dit que Dorothea s’occupe de moi depuis cinq ans. L’amie l’a appelée pour lui dire qu’elle le fait depuis bien plus longtemps que cinq ans.

Il n’est pas exclu, même pour ma famille, de me taquiner au sujet de ma démence. Et ce, jusqu’à mes petits-enfants qui me tirent la pipe à l’occasion au sujet de mes trous de mémoire. On ne peut pas être sérieux tout le temps. Une petite pique de temps à autre, cela semble tout naturel pour ce papi.

Or donc, nous pourrons bientôt passer du temps au chalet de Peter et de Carol à Northport et visiter nos amis, les Letcher.

Cela semblera peu aux yeux de bien des gens, mais c’est vital pour un bonhomme encabané depuis des mois.

https://www.thechronicleherald.ca/opinion/columnists/darce-fardy-for-the-snowboundspring-gives-new-lease-on-life-304047/

 

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